Il est une fois à notre époque un homme gravement malade qui n’avait plus beaucoup de temps à vivre.

Un jour, une clown est venue lui rendre visite. C’était une clown un peu spéciale. Sa mission dans la vie était de transmettre le rire et la joie aux personnes malades. 

Parfois, il lui arrivait même de réaliser les dernières volontés des gens en fin de vie.

La clown a demandé à l’homme s’il avait un vœu qu’il souhaiterait exaucer avant de rendre l’âme.

L’homme a réfléchi, puis a répondu qu’il aimerait pouvoir regarder la seconde partie du film Dune. 

En prononçant ces mots, l’homme savait bien qu’il y avait peu de chance pour que cela puisse arriver. La sortie dans les salles de cinéma de ce film n’était prévue qu’un mois et demi plus tard. À ce moment-là, l’homme serait très certainement déjà décédé.

De plus, ce film avait coûté des millions et des millions de dollars à réaliser. Il était attendu avec impatience partout à travers le monde, et devait demeurer top secret avant sa grande première. Aucun spectateur ne pouvait le regarder avant les autres!

En entendant le vœu de l’homme, la clown aussi a d’abord cru qu’il serait impossible de l’exaucer. Mais elle a tout de même voulu au moins essayer.

Grâce à un ami, elle a pu entrer en communication avec le réalisateur et la productrice de Dune.

La clown leur a raconté l’histoire de l’homme qui rêvait de voir Dune avant de mourir. Le réalisateur et la productrice ont été très émus. C’est pour des gens comme ce monsieur que nous faisons des films, ont-ils répondu à la clown.

À partir de ce moment, le réalisateur et la productrice ont donc aussi voulu exaucer cette dernière volonté. Il et elle ont proposé de faire venir l’homme à Hollywood pour qu’il puisse visionner le film dans le plus grand secret. Sauf que l’homme était trop faible pour prendre l’avion.  

La seule solution était que le film se rende jusqu’à lui, à des milliers de kilomètres d’Hollywood. Et au plus vite, car chaque jour, la santé de l’homme déclinait davantage.

Le réalisateur et la productrice ont alors eu l’idée d’envoyer leur assistante en avion jusqu’à la ville où se trouvait l’homme. Dans ses bagages, l’assistante apportait un ordinateur contenant la version finale du film.

Après avoir signé des papiers promettant de ne rien révéler sur le film, l’homme a pu le regarder dans sa chambre, accompagné d’une aide-soignante, les rideaux bien fermés.

Mais avant la fin du film… l’homme s’est endormi!

En apprenant cette nouvelle, le réalisateur et la productrice se sont d’abord sentis tristes. Puis inquiets. L’homme n’avait pas pu réaliser son rêve jusqu’au bout… Mais peut-être était-ce parce que leur film était ennuyant? Qu’en penseraient les millions d’autres personnes qui le regarderaient bientôt?!? 

La clown les a toutefois rassurés. Il ne fallait pas tirer une telle conclusion. L’homme était extrêmement faible et s’endormait continuellement. 

Le fait qu’il n’ait pas pu voir le film en entier n’était pas très important non plus. 

Pour l’homme, ce qui était vraiment précieux, c’était que des gens qui ne le connaissaient pas aient fait de grands efforts pour lui faire plaisir une dernière fois avant qu’il ne quitte ce monde. 

Quelques jours après le visionnement, l’homme s’est éteint, paisiblement.